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La conservation des espèces de psittacidés

GENERALITES

Aluropoda melanoleuca

  La conservation de la nature est aujourd’hui reconnue à l’échelle mondiale comme un enjeu majeur pour l’avenir de l’homme et de la planète. Selon un sondage réalisé auprès de 400 biologistes appartenant à l’Américain Museum of National History, près de 70% de ces scientifiques considèrent que la nature devrait subir dans les prochaines décennies l’extinction de masse la plus rapide depuis que la vie sur Terre existe. Au cours des 500 dernières années, pas moins de 816 espèces ont disparu à cause des activités humaines. Des dizaines de milliers d’autres espèces sont menacées de disparition. En 2014, dans son Rapport Planète Vivante, le WWF indique que, sur 10 000 espèces représentatives de mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons, la taille des populations de vertébrés avait chuté de 52 % entre 1970 et 2010.

En 2016, à la 13ème conférence COP 21 au Mexique, Birdlife International indique 1460 espèces aviaires menacées de disparition, soit 13 % de l’avifaune mondiale. La France est l’un des pays au monde le plus riche (environ 1500) en espèces aviaires avec son territoire métropolitain et ses DOM-TOM. Malgré sa réglementation sur la protection des oiseaux, la France est également l’un des pays au monde qui compte le plus d’espèces menacées d’extinction. De 79 espèces menacées en 2011, leurs nombres sont montés à 90 en 2016 sur la RedList. Soit 11 espèces supplémentaires en seulement 5 ans. Ces 90 espèces se décomposent en 14 espèces classées CRITIQUES, 26 EN DANGER et 50 VULNERABLES. Sur les vingt dernières années, les effectifs de toutes les populations aviaires ont chuté de 50 % en Europe selon d’autres études.

Ce triste constat laisse encore de marbre quelques irresponsables qui restent dans le déni à la vue des premiers signes alarmistes occasionnés par les activités humaines. A ses warnings, s’ajoutent l’absence d’une gestion internationale des ressources naturelles, la montée en puissance planétaire du modèle de vie occidentale et une croissance de la démographie mondiale, principalement dans les pays en voie de développement et propriétaires des plus grandes richesses de biodiversité (Hotspots). En 2016, l’humanité a consommé en 6 – 7 mois l’équivalent de la ressource annuelle de notre planète. Et la tendance s’accélère chaque année.

Décider d’agir en faveur de la conservation de la nature n’est pas interprété par les différents acteurs de la même manière et les intérêts pour la conservation se heurtent bien souvent aux intérêts économiques mais également utilitaristes et émotionnels. Prenons simplement deux exemples :

  * Le trafic des espèces vivantes est le troisième trafic mondial, derrière celui de la drogue et celui des armes. Le WWF a estimé que le trafic des espèces protégées se monte à 15 milliards d’€uros par an.
  * La déforestation en Indonésie, au profit de la culture de l’huile de palme, dans une région à la biodiversité extrêmement riche, est menée par des intérêts économiques et la demande mondiale des consommateurs. Elle répond à un besoin utilitariste. Mais la médiatisation sur la disparition des Ourangs-outangs, charismatiques hôtes de ces forêts luxurieuses et partageant 98 % de notre patrimoine génétique, met en émoi le versant écologique des consommateurs. Cas fréquent de la nature humaine où le bien-être immédiat reste l’élément principal et inconscient à satisfaire.

Leucopsar rothschildi

Quant aux autres espèces animales et végétales qui disparaissent en même temps que ces grands singes, elles ne bénéficient pas du même capital sympathie. Pourtant, Bornéo, hotspot de la biodiversité, est une île où le nombre d’espèces en voie de disparition est considérable. Faisons preuve donc de vigilance et ne nous laissons pas gagner par un anthropocentrisme utilitariste trop simple. Une vision réductrice qui mettrait de côté les espèces discrètes, inesthétiques ou sans charisme, ne suivrait pas le principe holistique demandé par la conservation d’un patrimoine naturel. A trop porter son attention sur des espèces emblématiques, bénéficiant d’un fort potentiel positif et médiatique, il faut s’intéresser de la même façon aux sans noms qui sont des acteurs tout aussi indispensables aux éco-systèmes. Merci donc à l’intérêt porté aux Pandas, mais mille mercis aux armées de l’ombre : insectes, amphibiens, oiseaux, végétaux, arbres, lichens, champignons, etc… Sus au spécisme.

En 2017, la conservation de la nature est désormais actée et enclenchée à l’échelle mondiale. De l’action locale en passant par des associations de plus ou moins grandes importances, par des fondations et des ONG, jusqu’aux ministères de chaque pays, sans oublier des organisations mondiales comme l’U.I.C.N., la prise de conscience est nette et le nombre d’actions en faveur de la conservation ne cesse de croître. Chaque mesure en faveur d’une espèce est singulière et demande une étude au cas par cas. Il convient avant tout de bien identifier la ou les menace(s) qui pèse(nt) sur chaque espèce.

Lophura Edwardsi

Parmi les menaces les plus courantes, nous trouvons :

- La réduction ou la fragmentation des habitats naturels : urbanisation, culture, déforestation…
- La prédation par des espèces introduites : rat, furet, chat…
- Les catastrophes naturelles : cyclone, tsunami, réchauffement climatique…
- La chasse ou la pèche, légales ou illégales,
- Le commerce des espèces, légal ou illégal,
- La pollution,
- La maladie : virus
- Le manque de diversité génétique,
- La concurrence des espèces invasives.

Une fois les menaces bien identifiées, il convient de définir quel sera le meilleur plan d’action à mettre en œuvre. Nous pouvons les catégoriser en trois :

- La constitution de réserves naturelles,
- La conservation in-situ,
- La conservation ex-situ.


Le plan d’action peut appartenir selon les menaces qui pèsent sur une espèce à l’une ou à plusieurs de ces trois catégories. S’il fut un temps où parfois le choix s’opposait entre l’une ou l’autre catégorie, notamment sous la pression de certains lobbies, aujourd’hui la complémentarité entre catégories est fortement acceptée car elle multiplie les chances de réussite.

Psittacus erithacus

Selon le Congrès mondial de l’U.I.C.N. de septembre 2016, les 3 quarts des espèces en danger d’extinction sont menacés par l’agriculture, la conversion des terres et la surexploitation des ressources. En conséquence, tant que l’habitat naturel et les biotopes ne seront pas totalement protégés des activités humaines, les espèces animales et végétales continueront de décliner. Dans cette attente, il faut bien trouver des solutions pour protéger et sécuriser ce patrimoine naturel.

Les menaces qui pèsent sur les perruches et perroquets du monde entier sont de même nature avec, en plus, la pression du commerce international. Ainsi, le très populaire Gris du Gabon (Psittacus erithacus), espèce non menacée il y a vingt ans, vient d’être placé en Annexe I de la Convention de Washington le 04/10/2016 à cause des volumes importants de ses exportations d’Afrique vers les pays occidentaux.

Les psittacidés sont fortement menacés de disparition. Birdlife International considère que 13 % des espèces aviaires sont en danger ; mais ce chiffre monte à 45 % chez les perruches et perroquets avec de plus, une tendance baissière des effectifs pour 57 % d’entre elles. Mettre en place des plans d’actions pour leurs sauvegardes est donc devenu une urgence incontournable.